Vous êtes en phase de développement d'un nouveau produit et vous vous interrogez sur son statut. Peut-être s'agit-il d'un dispositif médical, auquel cas lors de sa conception il va falloir démontrer que le produit répond à des exigences en matière de performances et de sécurité liées à l'usage revendiqué du produit. Cette démonstration suit des méthodologies précises (analyse des risques, aptitude à l'utilisation, normes techniques spécifiques à des catégories de produits) qui sont chronophages et qui peuvent remettre en cause les choix techniques retenus pour la conception du produit.
De ce fait, il est très important d'identifier au plus tôt le statut réglementaire de votre produit, les exigences réglementaires applicables en fonction des pays dans lesquels vous souhaitez mettre le produit sur le marché, afin que l'estimation du coût de développement soit réaliste et que la date cible d'accès au marché de votre produit soit maîtrisée.
Nous vous proposons ici de découvrir les grandes étapes qui vous mèneront à l'obtention du marquage CE pour votre dispositif médical suivant le règlement des dispositifs médicaux (RDM) 2017/745, qui vous ouvre les portes du marché de l'Union européenne:
1. Votre produit est-il un dispositif médical selon le RDM?
Il s'agit dans cette première étape de vérifier si le produit entre ou non dans le champ d’application du RDM.
Pour cela il est nécessaire de consulter la définition du dispositif médical donnée au Chapitre I article 2 "Définitions" et également de consulter l'Annexe XVI si votre produit n'a pas de destination médicale. Vous pouvez aussi prendre connaissance de notre article "Un dispositif médical, quésako?".
2. Déterminer la classe du dispositif
La classe de risque associée à votre produit a un impact sur le niveau de preuve attendu pour démontrer sa conformité aux exigences générales en matière de sécurité et de performance. Les règles de classification sont établies dans l'Annexe VIII:
Beaucoup de dispositifs ont vu leur classe ré-évaluée au passage au RDM, comme les implants de renfort, la plupart des implants en contact avec la colonne vertébrale, les dispositifs avec des nanomatériaux s’ils présentent un potentiel d'exposition interne élevé.
Nouvelles catégories de dispositifs: Instruments chirurgicaux réutilisables de classe Ir, Dispositifs de classe IIb implantables.
Les logiciels sont couverts par la règle 11. De nombreux logiciels voient leur classe passer de la classe I à la classe IIa.
3. Choix de la procédure d'évaluation
Il vous faudra ensuite sélectionner la procédure d’évaluation de la conformité en fonction de la classe de risque de votre dispositif, suivant les dispositions prévues au Chapitre V, article 52. Le certificat CE sera émis suivant l'annexe qui aura été retenue pour l'évaluation.
Pour les dispositifs destinés à administrer dans l'organisme et/ou à retirer de l'organisme un médicament et pour les dispositifs implantables de classe III, l'organisme notifié suit aussi la procédure de consultation dans le cadre de l'évaluation clinique (Article 54).
4. Identifier les exigences en matière de sécurité et de performance applicables
Les exigences essentielles s'appellent à présent Exigences Générales en matière de Sécurité et de Performances (EGSP). Elles se trouvent toujours en Annexe I, leur nombre a augmenté significativement.
La démonstration de conformité aux EGSP doit inclure au minimum les éléments suivants:
La façon dont l'évaluation clinique va être menée doit également être déterminée au plus tôt dans le projet car s'il s'avère nécessaire de mener une investigation clinique, le temps d'accès au marché pourra s'en trouver considérablement augmenté.
5. Appliquer la procédure d'évaluation de la conformité
Annexes IX, X, XIA ou XIB, XIII.
Dans cette phase menée en parallèle de la précédente il s'agit de mettre en place ou d'adapter le système qualité existant afin qu'il réponde aux exigences du règlement. Se reporter notamment à l'article 10 pour connaitre les exigences concernant le Système de Gestion de la Qualité.
6. Rédiger la documentation technique
Annexes II, III et XIV, XV
La documentation technique doit être présentée de manière claire, organisée et non ambiguë, sous une forme facilement consultable. Son contenu est précisé de façon très détaillée dans le RDM.
7. Affecter l'Identifiant Unique du Dispositif (IUD)
Chapitre III Article 27 et Annexe VI
La Commission Européenne ainsi que les quatre entités d'attribution actuellement désignées ont établi des guides permettant aux fabricants de maîtriser les IUD. Consultez nos liens utiles!
8. Renseigner la Déclaration de conformité UE
Annexe IV
9. Apposer le marquage CE
Annexe V
Sauf si votre dispositif est de classe I, l'apposition du marquage CE sur le produit ne peut se faire qu'après intervention d'un organisme notifié. A l'heure de la rédaction de cet article, la France ne dispose toujours pas d'un organisme notifié.
Consultez notre page Liens utiles pour connaître les organismes notifiés suivant le RDM.
Les organismes notifiés manquant de ressources, le temps nécessaire pour obtenir un devis et une date d'audit peuvent s'avérer très longs. Il est important d'anticiper cela dans la gestion du projet de marquage CE en contactant très en amont les organismes notifiés.
Si vous êtes un fabricant français la première mise sur le marché
(DM de classe I, Is, Im, sur mesure) ou mise en service
d'un dispositif médical (classe IIa, IIb et III) doit être déclarée à l'ANSM via la déclaration d'activité. A noter que suivant les pays, y compris au sein de l'UE, des enregistrements peuvent être nécessaires avant la mise sur le marché dans le pays concerné.
10. Procéder à la surveillance après commercialisation et aux mises à jour
Annexe XIV et Articles 83 à 86
La surveillance après commercialisation (SAC) et la surveillance clinique après commercialisation (SCAC) sont des exigences majeures du RDM 2017/745. La SAC inclut notamment la matériovigilance, c'est à dire la surveillance des incidents survenant en lien avec le dispositif après sa mise sur le marché. La matériovigilance a pour objectif d'éviter que ne se (re)produisent des incidents et risques d'incidents graves (définis à l'article L.5212-2 du Code de la santé publique) mettant en cause des dispositifs médicaux, en prenant les mesures préventives et /ou correctives appropriées.
Les fabricants disposant déjà du marquage CE selon la DIR 93/42/CEE pour leurs dispositifs doivent profiter de la période de transition pour démontrer la performance clinique de leurs dispositifs afin de satisfaire aux exigences du RDM 2017/745 concernant l'évaluation clinique.